lundi 31 décembre 2007

Mes 8 nouvelles résolutions pour 2008

-1- Ne plus exhiber ma vie privée sur mon blog;
-2- Changer de surnom, désormais je ne m'appelle plus Anna Kristina. En attendant d'en trouver un autre, je m'appellerai "No name";
-3- Retourner faire du sport;
-4- Me faire des ami(e)s à moi et ne plus me contenter des amis de mon partenaire;
-5- Ne lier ma carrière, ni mes projets d'avenir à qui que ce soit; car nul n'est acquis, nul n'est immuable, nul n'est "indispensable";
-6- Ne plus craindre de dire "Non" à quelqu'un, donner ses raisons et les assumer;
-7- Ne plus faire d'heures sup au travail;
-8- Ne plus laisser passer le harcèlement moral au travail;

La 1ère et la 2nde résolution sont entrées en vigueur dès aujourd'hui.
Le 3ème résolution est prévue pour la semaine prochaine, inchallah.
Pour le reste, c'est une question de temps, un effort à faire en continu, un changement d'habitudes..

jeudi 27 décembre 2007

Des vacances...enfin !!

...Je pars en vacances.


Je vous présente d'avance, tous mes voeux de bonheur, de joie, de prospérité et surtout de bonne santé.

Bonne année 2008!!


Le dîner de cons

Ce soir, l'association des anciens élèves de mon ancien lycée se réunissent pour dîner au Lac.
J'hésite encore à y aller.
Depuis l'annonce des résultats du bac, je ne suis jamais retournée au lycée (comme le font certains anciens élèves).
Je n'ai gardé contact qu'avec certaines personnes, et encore, je ne les vois qu'une fois de temps en temps...


Alors bon...ce dîner...Ce sera l'occasion de revoir les anciens élèves, de voir ce qu'ils sont devenus, les voies qu'ils ont prises...
Les questions fuseront de toutes part: "Alors? qu'est-ce que tu deviens? Que fais-tu dans la vie?..."
Jusque-là ça va, je suis assez fière de mon parcours, je n'ai jamais connu le chômage, je gagne bien ma vie, hamdoulah.


Mais je sens que je vais m'énerver si j'entends ce genre de question: "Alors? On a appris que tu t'es mariée..."
Une question typique des filles de ma tranche d'âge: le mariage est une obssession..


mmm je n'ai pas honte de dire que oui, je me suis mariée, puis divorcée, puis fiancée de nouveau...mais je n'ai vraiment pas envie de m'étaler sur ma vie privée.
Car je sais qu'elles ne se contenteront pas de cette réponse..elles voudront en savoir plus: pourquoi? quand? comment?


pffff...ça va me gonfler, et je vais regretter d'être venue à ce dîner. Un dîner de cons. Où je serai le con de service..

dimanche 23 décembre 2007

"Bent Familia"


Hier soir, Mohamed est passé me prendre, on est allé faire un tour à la Marsa avec sa jeune cousine venue de Suisse.

Après un verre au Plazza, nous la raccompagnons chez elle, et nous décidons d'aller dîner au Sprint, un resto simple, un bon rapport qualité prix, à l'Avenue Habib Bourguiba, juste à côté du Café de Paris.

Tour à tour, les amis de Mohamed, et les "miennes", viennent se joindre à notre table, prendre un verre, manger une pizza, puis repartent, chacun vers son monde.
Sympathique.
Jusque là, rien de spécial.

Je reçois un coup de fil: c'est Ines, une de mes copines du lycée, et qui connaît depuis peu Skan et Noomen les amis de Mohamed...

Elle vient avec Skan dans quelques minutes et m'a appelé pour me prévenir que Sonia (une autre copine du lycée) est avec elle, et que si j'avais un verre devant moi, je devais m'en débarrasser pour éviter qu'elle ne soit choquée...

Je ne fais pas de réaction, je me contente de lui dire: "D'accord, on vous attend".

Quoi? Choquer Sonia? Pourquoi? Elle se prend pour qui? Ma mère?!!

Skan et Ines entrent dans le resto.

Ines, a l'air de chercher mon verre du regard.. Oui, il est toujours là, devant moi, et je n'ai pas à en rougir. Chacun fait ce qu'il veut!
Alors? Elle est où Sonia?
Euuuh, elle a refusé d'entrer.
Pourquoi?
Elle ne veut pas entrer dans un lieu où on sert l'alcool.
??!! Ah bon, dans ce cas comment se fait-il que vous allez passer la soirée au Carthage Palace? N'y a-t-il pas d'alcool là-bas?

Au fait, elle a jugé l'endroit mal fréquenté. Voyant le Café de Paris, juste à côté, plein d'hommes et de Bière...elle a cru que c'était la même ambiance au resto..

Je sors pour la convaincre d'entrer, lui assure qu'il y a beaucoup de femmes à l'intérieur, des familles même, des étrangers (italiens, français...). Rien n'y fait.
Pas assez cher pour elle. Pas assez chic.

Pour elle qui vient d'Ennasr (pour beaucoup de gens c'est l'un des quartiers les plus "Chic" de Tunis, avec ses tours de bétons, ses apparts qui côutent la peau des fesses...) enfin bref, passons, pour elle cet endroit n'est pas fréquentable.

"Comment est-ce que son fiançé l'emmène dans un endroit pareil?" dit-elle à Ines.

Elle nous a donc snobé.

Vous ne pourrez pas me convaincre du contraire, car si réellement elle ne voulait pas entrer dans un endroit où on sert l'alcool, elle n'irait pas passer la soirée au Carthage Palace, un 5 étoiles à Gammarth. Pourquoi l'alcool serait-il moins "Hram" quand il serait plus cher?!

J'ai fais exprès de garder mon verre, j'aurai aimé qu'elle entre et le voit, pour voir sa réaction, et en rire.

Pourquoi les gens se permettent-ils de juger les autres?

Ines repart à contre coeur, rejoindre Sonia dans la voiture, en attendant que Skan termine sa pizza et son verre.

Pourquoi croyez vous que je ne vous présente jamais mes "copines"? Parce que je les connais très bien, et je sais que leur monde et celui des amis de Mohamed sont très différents, qu'ils ne feraient pas bon ménage, que c'est comme l'eau et l'huile.

Au Carthage Palace, elles espèrent peut être trouver l'homme de leur vie: qu'il boive de l'alcool ou non, l'essentiel est qu'il ait un compte en banque bien fourni.

Voilà le portrait de "Bnet el Familiet" (les filles de bonnes familles) de la bourgeoisie de Tunis: coinçées entre snobisme et conservatisme, coinçées tout court.

Vous l'aurez deviné: je suis contre toute forme de conservatisme, et je deviens encore plus virulante quand il s'agit d'un conservatisme croisé avec du snobisme.

Ces gens là, leurs discussions sont stériles, ils n'ont rien à m'apporter, je les raye de ma vie..Pire, je les fuis comme la peste.

J'ai honte pour elles. Quand je vois et j'entend parler les amis de Mohamed, je me dis que je fais bien de ne pas les leur présenter.

Les amis de Mohamed sont chacun un personnage à part entière, chacun a sa philosophie de la vie, ses théories. Chacun apporte un plus au groupe. A première vue, quand on les connaît pas, on se dit: "Qu'est-ce que c'est que ces énergumènes?"

Mais si vous tendez l'oreille et vous les écoutez discuter, même après des dizaines de bières, ou de bouteilles de vin, vous allez en apprendre des choses.
Ils savent apprécier les choses simples, apprécier le moment présent.Ils ne s'encombrent pas de "m'as-tu vu" ni de "qu'en dira-t-on". Ils laissent ça aux snobs.

un "Snob préfère voyager debout en première classe, qu'assis en seconde".[Gilbert Cesbon]

jeudi 20 décembre 2007

L'autre visage de la Lybie


Jamais je n'aurai soupçonné l'existance d'aussi beaux vestiges greco-romains en Lybie!

Comme si la Lybie d'aujourd'hui, la Lybie de Kadhafi, avait toujours été aussi renfermée sur elle-même, aussi étanche à toute intrusion externe, à tout échange.

Comme si l'embargo sur la Lybie (décidé par les Nations Unies en 1986) avait toujours existé (oui, bon, étant née en 1982, c'est un peu légitime de croire ça...).



Bref, moi qui ignore tout de la Lybie, je viens de découvrir l'existance de Leptis Magna, sûrement une des plus belles villes romaines de la côte méditerranéenne,aussi bien par l’étendue de son site que la conservation exceptionnelle de ses monuments.

Fondée au premier millénaire avant J.C, ce port phénicien, situé à 125 kilomètres de Tripoli,devint aussi important que celui de Carthage à cette époque. Il fût la ville de naissance d’un grand empereur : Septime Sévère.Celui-ci n’eut de cesse d’embellir sa ville pardes marbres sculptés somptueux.L’Arc de Septime Sévère,encore présent aujourd’hui, est un desmonuments majeurs de Leptis Magna.
Abandonné au 11ème siècle, les fouilles archéologiques au XXème siècle ont révélé de nombreuses découvertes dont certaines ont été regroupées dans un Musée par lequel commencera votre visite (le département libyen des Antiquités a défini un parcours de visite précis). Leptis Magna est en effet désormais inscrit au patrimoine mondial de l’humanité (en 1982).



Les thermes d’Hadrien, entièrement recouverts de marbre et de granit, sont l’autre monument majeur de Leptis Magna. Elles étaient les plus étendues de l’Empire après celle de Rome. Plus loin, vous découvrirez le Nymphée, sanctuaire dédié au culte des nymphes.
Vous pourrez aussi apprécier la visite des monuments tels que la place polygonale, la voie à colonnes, le nouveau forum, ainsi que la basilique sévérienne, le théâtre superbement décoré, le cirque où 23 000 personnes pouvaient assister à des courses de chars, et l’amphithéâtre.



Mais ce n'est pas tout! Il y a aussi Sabratha!! (J'insiste bien sur le "S" :) )



Regardez moi cette vue!! Face à la mer!


Sabratha est connu pour ses ruines antiques. Les libyens aiment, eux, s’y rendre le vendredi, jour de repos hebdomadaire, non pour visiter ces ruines mais pour y faire des tours de barques.
Ancien comptoir carthaginois (fondée au VIème siècle av. J.C), Sabratha est à 70 kilomètres de Tripoli. Inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1992, le théâtre romain est son joyau. Il compte parmi les plus beaux et les mieux conservés d’Afrique. C’est aussi un des plus grands puisque 5000 spectateurs pouvaient s’y rendre (alors qu’aujourd’hui la capacité est de 1600 personnes).
Son mur de scène s’étale sur 3 étages. Le clou du spectacle : le théâtre donne sur la mer.
A 500 mètres du théâtre se trouvait l’amphithéâtre qui pouvait accueillir jusqu’à 10 000 spectateurs, venus assister aux combats de gladiateurs
.

Et si je vous disais qu'une réplique du temple de Zeus d'Olympie existe en Lybie, à Cyrène!! Hein?

Cyrène a été fondé par la colonie grecque de Théra. En proie à de dures sécheresses et donc à une grave crise économique, Théra consulta l’oracle d’Apollon à Delphes. Celui-ci ordonna le départ d’un fils par famille vers l’Afrique. Ainsi naquit Cyrène !
Les colons n’ont pas chômé si on juge de l’ampleur des travaux réalisés, en particulier le grand temple de Zeus, plus grand temple grec d’Afrique (70 mètres sur 31 mètres, soit aussi grand que le temple de Zeus à Olympie). Etonnant de simplicité, cet endroit dégage une sérénité qu’on quittera à regret.

Personnellement, j'irai bien en Lybie visiter ces joyaux archéologiques. Mais y a-t-il des tours opérateurs qui proposent des voyages chez Kadhafi? Est-ce qu'il y a une infrastructure touristique? Non, je ne pense pas.

A voir l'état de l'aéroport de Tripoli...

Ezzah, autant de richesses natuelles (pas uniquement du pétrole ou du gaz, il y a des paysages de rêves sur les côtes lybiennes), des vestiges archéologiques...si peu exploités.

Quel gâchi!

mercredi 19 décembre 2007

A vos Dawara! Prêtes? Partez!

Comment laver la dawara !!
Pour vous éviter de jeter la dawara et de passer un Aïd el Kebir sans osbane je vais vous donner la méthode infaillible du docteur « tata Monia » spécialiste mondiale de lavage rapide et minutieux de dawara.

(...) Je suis en train de penser à comment m'en débarrasser plus à comment la laver. Mais pour vous, les courageuses, téméraires et grandes filles que vous êtes je vous donne les explications d'une experte en lavage de dawara. Tata Monia insiste sur le fait de commencer rapidement à laver la dawara. En fait, il faut commencer alors qu'elle est encore fumante (quelle horreur). Lorsqu'elle refroidi, la graisse va rendre le lavage encore plus difficile (je sais de quoi je parle). Commencer par enlever délicatement la crépine (r'da). Vous aller vous retrouver nez à nez avec la panse (el kercha), la poche la plus grande qui a une paroi lisse. Videz la de son « contenu » retournez la et lavez la à grande eau. Cette panse va être détaillée en plusieurs poches qui serviront pour les andouillettes. Prélever par la suite le bonnet (chechiet bouk) c'est une petite poche dont la paroi est alvéolée comme un nid d'abeille. Puis le feuillet (oum lawra9) avec ces feuilles qui referment sournoisement du…peu importe. Il suffit de la laver sous un robinet feuille par feuille. On appelle cette partie de "talle9et ennesse" ça veut tout dire. Rincez les abondamment puis prélevez la caillette (bibinout ou bou binout), les petits boyaux (el mosrana) qui peuvent servir pour faire du merguez et le gros boyau (ommek aicha) qui eux aussi doivent être bien rincés. Trompez tous ces « parties » dans de l'eau bouillante pendant une minute et grattez les au couteau pour enlever leurs villosités. Rincez les soigneusement. La panse, le bonnet, le feuillet, vont servir pour le osbane. Sinon vous pouvez les utiliser pour faire une chmenka. La crépine aussi peut être utilisée pour le osbane. J'espère que vous allez vous en sortir avec cette dawarra. Je vous souhaite beaucoup de courage. Sur Nawarat, vous aller trouver la recette du osbane et bien d'autres.
Nejla
Source :
http://www.nawarat.net


Pour ma part, cette année, j'ai été dispensée de Dawara!!
Pourquoi? eh bien, pour la première fois, nous avons trouvé un kyste dans notre dawara, nous l'avons donc jetée.
Mon père est déçu, ma mère aussi...Et moi? eh bien...moi qui me réjouissais à l'idée de barbotter dans la dawara, les mains dans une eau à 5°C max...je suis déçue aussi :(
Noooon, je rigole!

Bof, moi je l'ai déjà fais avant, avec ma mère, mais ce n'est pas vraiment mon dada. Et puis, les critères de choix d'une femme ont bien changé n'est-ce pas? On ne choisi plus sa femme selon qu'elle sache laver la dawara ou non..Enfin je l'espère!
"Talle9et ennsé"...très réducteur comme critère.

Il nous reste le méchoui :) miam miam !

Aid El Kebir

Aidkom Mabrouk!
Koll 3am wentouma bkhir!

mardi 18 décembre 2007

Mon 薪酬 ne suffit plus, je réclame une 祢 !!!

Mon 薪酬 ne suffit plus, je réclame une ???
Vous vous dites sûrement: qu'est-ce qu'elle va encore nous sortir cette fois-ci? Elle parle chinois maintenant?

薪酬 signifie: salaire en chinois.
祢 signifie: prime :)

Si je veux embêter mon patron, je n'aurai qu'à accorcher cette phrase sur ma porte :)
Après les trois singes de la sagesse, voilà qu'elle se met au chinois pour réclamer une prime maintenant!!

Eh oui, on ne sait plus avec quelle langue leur parler. On a tout essayé: bosser jour et nuit, des heures sup sans compter....résultat: ils considèrent ça comme leur dû, et le jour où vous fléchissez, on vous taxe de fénéant!!
Et quand vient la fin de l'année, on nous martèle avec "Il n'y a pas de nouveaux marchés cette année, peu d'entrée d'argent, estimez vous heureux de reçevoir votre salaire...."
Et le comble, c'est qu'on apprend peu de temps après que les big boss se sont offert des vacances de rêves en République dominicaine sur les frais de la boîte!

On a essayé aussi de ne pas travailler, de réduire le rendement, alors là vous ne pouvez plus l'ouvrir...après tout "tmarwe7 ou t7eb prime?!"

Alors bon, cette année vu le nombre croissant de démissions (trop de pression, harcèlement, heures sup non rémunérées, difficulté à prendre des congés,...etc.), j'attend de voir ce qui va se passer...

Aura-t-on droit à une 祢??

samedi 15 décembre 2007

La Terre pleure

Fait rare, le responsable des Nations Unies chargé du climat pleure de désespoir face aux réticences des pays industrialisés, les Etats Unis en tête, à s'engager pour réduire leurs émissions polluantes.


"Après un épuisant marathon nocturne et un dénouement mélodramatique de sept heures, ponctué de suspensions de séances qui en ont retardé encore la conclusion, la conférence climat de l'Organisation des Nations Unies, se tenant actuellement à Bali en Indonésie, a formellement adopté ce qui restera comme la "feuille de route de Bali". Cette dernière, pour la première fois, pays industrialisés et nations en développement à la réduction des émissions polluantes."

"Franchement, je suis déçu par le manque de progrès" dans les discussions, avait solennellement lancé le secrétaire général Ban Ki-moon, venu assister à la dernière séance plénière pour y peser de toute son influence."Mais il se fait tard, il est temps de décider, de prendre une décision, vous avez dans vos mains la capacité d'apporter au monde une issue positive à cette conférence", avait-il ajouté.

Yvo de Boer, le responsable de la lutte contre le changement climatique à l'ONU a craqué à la tribune, s'exprimant avec des sanglots dans la voix, à l'issue de plusieurs interruptions de séances et de menaces de veto américain."

Lamentable!!

vendredi 14 décembre 2007

La musique de mon enfance

Je me souviens des chansons de mon enfance...
"Jalousie maladie", "Malheur à celui qui blesse un enfant", "Oumparere", "Pourquoi parler d'amour"....et j'en passe. Des chansons qui ont bercé mon enfance.
Je me revois en culotte courte, manipulant ma petite radio cassette, avec les cassettes d'Enrico Macias, entre autres...et chantant à tue tête.
J'ai même des cassettes où on m'entend râler contre la cassette ki ne marche pas, alors que j'avais appuyé sur Record au lieu de Play :) "Ma habbetch etdouuuur!!!"
Aujourd'hui encore, dès que j'entends sa voix je retombe en enfance.

Alors vous comprendrez ma douleur quand vous lirez ce que j'ai lu dans "Le Courrier International" où l'on reprend l'article de Kamel Daoud dans "Le Quotidien d'Oran":

"On ne peut reprocher à Enrico Macias d'avoir plus chanté sa nostalgie de l'Algérie que l'Algérie elle-même, et d'avoir déclamé plus de poêmes pour Israel que pour Constantine (sa ville natale). A la fin, il s'est retrouvé être à la fois israelien, français, algérien et rien de tout cela. (...)A chacune de ses venus annoncées, les fabricants d'intégrismes prêt-à-porter, certains journaux et beaucoup d'avocats du vide retrouvent un sens à leur histoire et se mettent à crier à la trahison de la cause palestinienne, aux constantes nationales, à l'atteinte de notre arabité archéologique et à nos valeurs pour masquer le reste des désastres domestiques. La réaction à la dernière annonce du pélerinage de ce chanteur [il désirait accompagner Nicolas Sarkozy lors de sa visite d'Etat] semble si disproportionnée que l'on est tenté de l'analyser à travers la grille de la psychologie des profondeurs.

Pourquoi sommes-nous ainsi? (...) Avons-nous tant de temps à perdre à faire barrage à un chanteur? (...) On ne sert pas le nationalisme par ce genre de purge rétroactive, et on ne vainc pas Israel en battant au tambour l'un de ses troubadours.
(...) Investir cette question avec des reliquats de contre-croisades et une surenchère de susceptibilité ne mène nulle part.
(...) Un juif a le droit de visiter Médine, en Arabie Saoudite, pour y avoir vécu à l'époque du Prophète et même avant, mais n'a pas le droit de visiter Constantine aujourd'hui.
Pourquoi? Parce que Constantine se trouve en Algérie, qui se trouve coincée entre les siens et le vide.

Ce dernier passage m'a scotché tellement je l'ai trouvé pertinent, poignant, vrai.

Cet article me fait de la peine, d'autant plus que j'ai du sang algérien qui coule dans mes veines, que même si cela fait 16 ans que je n'ai pas foulé le sol algérien, je ne peux m'empêcher de m'identifier à ce pays où est née et a vécu ma mère.
C'est d'ailleurs le point commun que j'ai avec Enrico Macias: je chante "Wahrane" (Oran), je chante l'Algérie, en attendant de pouvoir un jour, bientôt j'espère, embrasser son sol, embrasser tous les miens en Algérie, même après de longues années d'absence...


Boulimie

Boulimique de l'écriture.
C'est ce que je suis devenue.
Dès que j'entre dans ma chambre, la première chose que je fais c'est Allumer le PC et ouvrir mon blog pour y poster un message, voir combien de personnes l'ont consulté..
Je finis par hésiter entre aller danser la Salsa ou rentrer écrire!!
En parlant de Salsa, je crois que je ne vais plus y aller, finalement, c'est pas pour moi.
J'ai raté plusieurs séances (à cause de mon cher travail) et du coup, je me sens dépassée, et c'est devenu une source de stress et d'énervement (quand je me mêle les pinceaux avec les pas de danse) au lieu que ce soit une activité de détente.
Voilà pourquoi j'ai décidé de faire plutôt de l'aérobic. Dès la semaine prochaine inchallah.

mercredi 12 décembre 2007

"Dès qu'j'te vois" de Vanessa Paradis

{Refrain:}
Est-ce que si on l'avait fait
On s'ferait l'effet
Que l'on se fait chaque fois ?
Si on l'avait fait
On s'ferait l'effet que l'on se fait ?



Dès qu'j'te vois

Dès qu'j'te vois, je sais que c'est toi
Oui je sais que c'est toi, oui je sais que c'est toi
Dès que tu me vois, tu sais que c'est moi
Oui tu sais que c'est moi, oui tu sais que c'est moi



{au Refrain}

Dès qu'je te vois
Comment ce fait
Dès qu'je te vois

J'avoue ce jeu me tue
Si tu me dis adieu

Dès que j'te vois, je sais que c'est toi
Oui je sais que c'est toi, oui je sais que c'est toi



Ce vous, ce je, ce tu
Qui jouent avec le feu



Dès que j'te vois, je sais que c'est toi
Oui je sais que c'est toi, oui je sais que c'est toi

Je ne résiste plus
J'ai vu dans ton regard
Des remords disparus
Je rentre, il est trop tard

{au Refrain}

Dès qu'j'te vois
Comment ce fait

Dès qu'je te vois
Dès qu'je te vois

{au Refrain}

Est-ce que si on l'avait fait
Si on l'avait fait
Je sais qu'c'est toi


Est-ce que si on l'avait fait
Si on l'avait fait
Je sais qu'c'est toi

Du mystère, un jeu de cache cache, une Vanessa Paradis envoûtante, fraîche.

Je l'envie pour le Johnny Deep qu'elle a à la maisooon!!!

mardi 11 décembre 2007

Propagande

Il y a un genre d'email que je reçoie régulièrement dans ma boîte mail au bureau et qui m'énerve.


Vous savez, ces emails où on vous dit par exemple: "Ne buvez plus de Coca Cola et boycottez les produits américains pour soutenir nos frères palestiniens..." ou encore "Ne mangez plus de chocolat Mars, Lion ou Twix, car ils seront désormais fabriqués à base de graisses animales, et en particulier, de "7allouf", et que c'est contraire à la religion musulmane..."


Pfff que des conneries!


Pour soutenir nos frères palestiniens, il faudrait non pas se priver de Coca à table, mais faire pression sur les dirigeants arabes pour soutenir VRAIMENT et CONCRETEMENT nos frères palestiniens.


Ce qui est plus dangereux et vicieux dans ce genre d'email c'est qu'ils essayent de se servir du fait que nous, les musulmans du Maghreb, nous avons un complexe d'infériorité par rapport aux musulmans d'Orient, que nous croyons (à tord) que nous sommes des musulmans de "deuxième division", que nous avons beaucoup à nous reprocher...et par conséquent, qu'il suffit de nous envoyer un email écrit en arabe littéraire, avec une légère allusion à la religion, pour que nous plongions les yeux fermés, que nous "gobons" tout...


C'est de la propagande "pseudo" religieuse et c'est un problème à prendre au sérieux.


Quand on s'adresse à la nouvelle génération, pour la plupart des scientifiques, des cartésiens, il faut donner des preuves tangibles, des tests en laboratoires, des rapports d'organismes reconnus, et non des "on dit", avec juste quelques photos de Twix ou de Mars...c'est trop léger, c'est nous prendre pour des cons.


"ça c'est 7lel" , "ça c'est 7ram"...alors qu'entre temps, le monde avance à une vitesse ahurissante.


Tu manges ce que tu veux, tu regardes ce que tu veux, tu t'habilles comme tu veux, mais de grâce, pas de sermons!

lundi 10 décembre 2007

Père Noel, je veux un iPhone!

De: Anna Kristina from Tunis
Au: Père Noel from Alaska- 1, Chemin des nuages- Pôle Nord

"Cher père Noel,

Je veux le téléphone qui fait ravage en ce moment, la meilleure idée cadeau de ce Noel 2007, le iPhone de Apple, dernier joujou de Steve Jobs. Valeur: 400 Euros en France."

Sûr de son coup, Steve Jobs a exigé de l'opérateur téléphonique AT&T, 3$ par mois sur chaque iPhone vendu aux Etats Unis, contre l'exclusivité !
En France, c'est l'opérateur Orange qui devra mettre la main à la poche.

Pour le première fois, ce sont les opérateurs téléphoniques qui payent pour avoir le droit de vendre des portables et non le contraire.

En effet, Steve Jobs a demandé à ses ingénieurs de conçevoir un portable, ou devrait-je dire un coffre-fort, qui ne puisse fonctionner qu'avec un seul opérateur téléphonique, et même pour changer la batterie, il faut faire appelle à Apple et débourser 80 $ !!

Mais Steve n'aurait jamais imaginé qu'un américain de 17 ans pourrait débloquer son iPhone. Au bout de 500 heures de bidouillage, George Hotz a pu utiliser son iPhone avec un autre opérateur téléphonique de AT&T.
Et depuis, l'astuce s'est propagée entre les experts de déblocage de portables. Cette opération, ne dure que 30 minutes, et coûte 80 Euros.



J'imagine la tête de Steve Jobs en apprenant la nouvelle...



D'après le magazine "Capital", les points forts de l'iPhone sont:
- une navigation grand confort sur internet (affichage d'une page web en entier, zoom du bout des doigts...);
- un clavier virtuel intelligent;
- des images toujours dans le bon sens (l'image bascule selon la position de l'iPhone: format paysage ou portrait);
- un iPod de première classe (avec plus de 2700 morceaux de musique).

Mais il a également des défauts, notamment:
- une batterie difficile à changer;
- pas de MMS ni de vidéo;
- un engin vérouillé (enfin, plus si vérouillé que ça maintenant...grâce à George Hotz);
- un chargement de pages web trop lent (55 secondes pour afficher une page web!!Car il utilise la norme Edge, moins rapide que la 3G utilisée en Europe).

Mais bon, il y a assez "d'innovations bluffantes à se mettre sous la dent" pour pardonner à l'iPhone ses défauts.

mardi 4 décembre 2007

"Crna macka beli macor"

"Crna macka beli macor" c'est le titre serbe de "Chat noir, chat blanc" le film d'Emir Kusturica.

J'ai beaucoup de retard à rettrapper côté films (par rapport à mon chéri et ses amis). D'ailleurs, vu que je n'ai jamais été cinéphile, je me retrouve souvent sur le banc quand ils débattent d'un film...

Et quand on met un film lui et moi, c'est toujours la même histoire: soit le film ne me plait pas du tout, soit je m'endors au bout d'un quart d'heure...déséspérant!

J'ai donc décidé de regarder "Chat noir, chat blanc", LE film de référence de Mohamed, et des certains de ses amis.

Si ce film ne me plait pas, je laisse tomber, je reprend mes séries TV, "Les experts", "Preuve à l'appui", "FBI portés disparus"...tout ce que déteste Mohamed quoi.

Je mets le film donc, et...surprise: il retient mon attention du début jusqu'à la fin!

Cela fait très longtemps que ça ne m'était pas arrivé..

Ouf! Je suis rassurée.

Matko le gitan, qui vit au bord du Danube de petits trafics avec les Russes, a besoin d'argent pour realiser un coup important. Il demande a Grga Pitic, parrain de la communauté gitane et vieil ami de la famille, de le financer. Grga accepte, mais Matko n'est pas à la hauteur et se fait doubler par le dangereux Dadan. Pour solder sa dette, Dadan lui propose de marier son fils Zare a Ladybird, sa minuscule soeur cadette. Mais Zane en aime une autre, la blonde Ida. Le mariage a lieu. La mariée profite d'un moment d'inattention et s'enfuit.

-Matko: un personnage con, naif, qui se fait avoir facilement, mais oh combien touchant et marrant.
-Zare, son fils: un jeune homme intègre, honnête, amoureux de Ida, la belle et pétillante Ida.
-Grga Pitic: très moche, mais alors...d'une mocheteté! mais au risque de me répéter: il est très marrant.
-Dadan: un personnage arrogant, opportuniste et mal honnête qu'on a envie d'étrangler.

Un film rythmé, mouvementé, sur le plan de l'action mais également grâce à la musique d'Emir Kusturica et de son groupe, le No Smoking Orchestra. Il reflète bien le mode de vie des gitans, leur insoucience et leur simplicité.

Un film serbe, français et allemand, récompensé par un Lion d’argent, au Festival de Venise 1998.

Un film à voir absolument.

lundi 3 décembre 2007

Tu peux compter sur moi!

Histoire de finir sur une note...moins morbide...plus drôle:

Si t'as besoin de moi, peu importe le problème, pour te tendre la main si les autres portes se referment. La mienne est ouverte sans question, sans conditions, faut juste s'entendre sur la date j'ai des obligations.

Tu peux compter sur moi, quand tu veux et où que ce soit, je serai toujours là pour toi, tu peux compter sur moi, mais surtout n'oublie pas...

Faut pas que ce soit trop loin, j' prends pas l'avion j'ai trop peur, j' prends pas non plus

le bateau parce que j'ai le mal de mer. Je peux venir en train mais je voyage en première, comme j' conduis pas, pour la voiture il me faut un chauffeur. Sinon, à part ça, tu peux compter sur moi. Si tu as perdu le goût et perdu le chemin, si tu tiens à peine debout, si c'est la peine qui te tient. Si tu te sens seul, si t'as besoin d'une épaule, si tu te sens mal, t'hésites pas, tu m'appelles.

Tu peux compter sur moi, quand tu veux et où que ce soit, je serai toujours là pour toi, tu peux compter sur moi, mais surtout n'oublie pas...

Le week-end ça m'arrange pas, la semaine j' suis pas trop joignable. Les vacances pourquoi pas, sauf que je coupe mon portable. Je peux je crois en juin, mais vaut mieux que je vérifie. Dimanche en huit je fais rien, ah non ! Je serai pas à Paris. Sinon, à part ça, tu peux compter sur moi. Faut pas que ce soit trop loin et faut choisir le bon jour, mais je serai là pour toi, j'espère que tu en es sûr. Tu me raconteras tes malheurs, j' dirai des banalités, on parlera pendant des heures et si c'est pas assez, j' te jouerai n'importe comment les morceaux de Joe Dassin, on sortira les trompettes et tant pis pour les voisins.

Si un jour ça va pas, j'espère que tu viendras... je compte sur toi.

Bénabar

... ça vous rappelle sûrement quelqu'un de votre entourage ;)

Momie


Momie recouverte de ses "cartonnages"époque ptolémaïque, IIIe - IIe siècle avant J.-C.Louvre,Département des Antiquités égyptiennes, N2627

La première fois que vous approchez une momie, c'est le frisson garanti!
Surtout quand vous essayez d'imaginer les embaumeurs éviscérer le corps, puis le sécher au soleil, l'enduire de plusieurs couches d'huiles végétales et animales...etc.

Même après 70 jours d'effort de momification (oui, ça dure 70 jours), il ne reste plus grand chose de l'être qui a vécu, et qui est mort...il ne reste qu'un tas d'os recouvert de bandelettes de tissu...donnant des frissons.

Nous ne sommes que de passage sur Terre, un voyage, avec de bonnes et de mauvaises rencontres, des succès et des échecs, un apprentissage continu...

Et quand vient l'heure de partir, il faut partir serein, ne pas se soucier du sort de son squelette, ni de ses organes (il serait d'ailleurs bien d'en faire don à ceux qui en auront encore besoin. D'ailleurs, je suis pour, mais je ne sais pas comment faire pour le mentionner sur mes papiers d'identité...).

Hommage, compassion et espoir

La lettre, dernière preuve de vie, d'Ingrid Bétancourt est touchante.

Alors, en hommage à son courage (je ne sais pas si je supporterai d'être otage dans la jungle si longtemps, comme elle...), espérant qu'elle retrouvera très vite sa liberté, je publie sa lettre sur mon blog.





«C’est un moment très dur pour moi. Ils demandent des preuves de vie brusquement et je t’écris mon âme tendue sur ce papier. Je vais mal physiquement. Je ne me suis pas réalimenté, j’ai l’appétit bloqué, les cheveux me tombent en grandes quantités. Je n’ai envie de rien. Je crois que c’est la seule chose de bien, je n’ai envie de rien car ici, dans cette jungle, l’unique réponse à tout est « non ». Il vaut mieux donc, n’avoir envie de rien pour demeurer au moins libre de désirs. Cela fait 3 ans que je demande un dictionnaire encyclopédique pour lire quelque chose, apprendre quelque chose, maintenir vive la curiosité intellectuelle. Je continue à espérer qu’au moins par compassion, ils m’en procureront un, mais il vaut mieux ne pas y penser. Chaque chose est un miracle, même t’entendre chaque matin car la radio que j’ai est très vieille et abîmée. Je veux te demander, Mamita Linda, que tu dises aux enfants qu’ils m’envoient trois messages hebdomadaires (...). Rien de transcendant si ce n’est ce qui leur viendra à l’esprit et ce qu’ils auront envie d’écrire (…). Je n’ai besoin de rien de plus mais j’ai besoin d’être en contact avec eux. C’est l’unique information vitale, transcendante, indispensable, le reste ne m’importe plus(…). Comme je te disais, la vie ici n’est pas la vie, c’est un gaspillage lugubre de temps. Je vis ou survis dans un hamac tendu entre deux piquets, recouvert d’une moustiquaire et avec une tente au dessus, qui fait office de toit et me permet de penser que j’ai une maison. J’ai une tablette où je mets mes affaires, c’est-à-dire mon sac à dos avec mes vêtements et la Bible qui est mon unique luxe. Tout est prêt pour que je parte en courrant. Ici rien n’est à soi, rien ne dure, l’incertitude et la précarité sont l’unique constante. A chaque instant, ils peuvent donner l’ordre de tout ranger [pour partir] et chacun doit dormir dans n’importe quel renfoncement, étendu n’importe où, comme n’importe quel animal (…). Mes mains suent et j’ai l’esprit embrumé, je finis par faire les choses deux fois plus doucement qu’à la normale. Les marches sont un calvaire car mon équipement est très lourd et je ne le supporte pas. Mais tout est stressant, je perds mes affaires ou ils me le prennent, comme le jeans que Mélanie m’avait offert pour Noël, que je portais quand ils m’ont pris. L’unique chose que j’ai pu garder est la veste, cela a été une bénédiction, car les nuits sont gelées et je n’ai eu rien de plus pour me couvrir. Avant, je profitais de chaque bain dans le fleuve. Comme je suis la seule femme du groupe, je dois y aller presque totalement vêtue : short, chemise, bottes. Avant j’aimais nager dans le fleuve mais maintenant je n’ai même plus le souffle pour. Je suis faible, je ressemble à un chat face à l’eau. Moi qui aimais tant l’eau, je ne me reconnais pas. (…) Mais depuis qu’ils ont séparé les groupes, je n’ai pas eu l’intérêt ni l’énergie de faire quoi que ce soit. Je fais un peu d’étirements car le stress me bloque le cou et cela me fait très mal. Avec les exercices d’étirement, le split et autres, je parviens à détendre un peu mon cou. (...) Je fais en sorte de rester silencieuse, je parle le moins possible pour éviter les problèmes. La présence d’une femme au milieu de tant de prisonniers masculins qui sont dans cette situation depuis 8 à 10 ans, est un problème (…).Lors des inspections, ils nous privent de ce que nous chérissons le plus. Une lettre de toi qui m’était arrivée, m’a été prise après la dernière preuve de survie, en 2003. Les dessins d’Anastasia et Stanislas [neveux d’Ingrid], les photos de Mélanie et Lorenzo, le scapulaire de mon papa, un programme de gouvernement en 190 points, ils m’ont tout pris. Chaque jour, il me reste moins de moi-même. Certains détails t’ont été racontés par Pinchao. Tout est dur. Il est important que je dédie ces lignes à ces êtres qui sont mon oxygène, ma vie. A ceux qui me maintiennent la tête hors de l’eau, qui ne me laissent pas couler dans l’oubli, le néant et le désespoir. Ce sont toi, mes enfants, Astrid et mes petits garçons, Fab [Fabrice Delloye], Tata Nancy et Juanqui [Juan Carlos, son mari]. Chaque jour, je suis en communication avec Dieu, Jésus et la Vierge (...). Ici, tout a deux visages, la joie vient puis la douleur. La joie est triste. L’amour apaise et ouvre de nouvelles blessures... c’est vivre et mourir à nouveau.Pendant des années, je n’ai pas pu penser aux enfants et la douleur de la mort de mon papa accaparait toute la capacité de résistance. Je pleurais en pensant à eux, je me sentais asphyxiée, sans pouvoir respirer. En moi, je me disais : « Fab est là, il veille à tout, il ne faut pas y penser ni même penser ». Je suis presque devenue folle avec la mort de mon papa. Je n’ai jamais su comme cela s’est passé, qui était là, s’il m’a laissé un message, une lettre, une bénédiction. Mais ce qui a soulagé mon tourment, a été de pensé qu’il est parti confiant en Dieu et que là-bas, je le retrouvera pour le prendre dans mes bras. Je suis certaine de cela. Te sentir a été ma force. Je n’ai pas vu de messages jusqu’à ce qu’il me mette dans le groupe de [l’otage] Lucho, Luis Eladio Pérez, le 22 août 2003. Nous avons été de très bons amis, nous avons été séparés en août. Mais durant ce temps, il a été mon soutien, mon écuyer, mon frère (…). J’ai en mémoire l’âge de chacun de mes enfants. A chaque anniversaire, je leur chante le « Happy Birthday ». Je demande à ce qu’ils me laissent faire une gâteau. Mais depuis trois ans, à chaque fois que je le demande, la réponse est non. Ca m’est égal, s’ils amènent un biscuit ou une soupe quelconque de riz et de haricot, ce qui est habituel, je me figure que c’est un gâteau et je leur célèbre dans mon cœur, leur anniversaire. A ma Melelinga [Mélanie], mon soleil de printemps, ma princesse de la constellation du cygne, à elle que j’aime tant, je veux te dire que je suis la maman la plus fière de cette terre (…). Et si je devais mourir aujourd’hui, je partirais satisfaite de la vie, en remerciant Dieu pour mes enfants. Je suis heureuse pour ton master à New York. C’est exactement ce que je t’aurais conseillé. Mais attention, il est très important que tu fasses ton DOCTORAT. Dans le monde actuel, même pour respirer, il faut des lettres de soutien (...). Je ne vais pas même me fatiguer à insister auprès de Loli [Lorenzo] et Méla qu’ils n’abandonnent pas avant d’avoir leur doctorat. J’aimerais que Méla me le promette. (...) Mélanie, je t’ai toujours dit que tu étais la meilleure, bien meilleure que moi, une sorte de meilleure version de ce que j’aurais voulu être. C’est pourquoi, avec l’expérience que j’ai accumulé dans ma vie et dans la perspective que donne le monde vu à distance, je te demande, mon amour, que tu te prépares à arriver au sommet. A mon Lorenzo, mon Loli Pop, mon ange de lumière, mon roi des eaux bleues, mon chief musician qui me chante et m’enchante, au maître de mon coeur, je veux dire que depuis qu’il est né jusqu’à aujourd’hui, il a été ma source de joies. Tout ce qui vient de lui est du baume pour mon coeur, tout me réconforte, tout m’apaise, tout me donne plaisir et placidité (...). J’ai enfin pu entendre sa voix, plusieurs fois cette année. J’en ai tremblé d’émotion. C’est mon Loli, la voix de mon enfant, mais il y a déjà un autre homme sur cette voix d’enfant. Un enrouement d’homme-homme, comme celle de mon papa (…). L’autre jour, j’ai découpé une photo dans un journal arrivé par hasard. C’est une propagande pour un parfum de Carolina Herrera « 212 Sexy men ». On y voit un jeune homme et je me suis dit : mon Lorenzo doit être comme ça. Et je l’ai gardé. La vie est devant eux, qu’ils cherchent à arriver le plus haut. Etudier est grandir : non seulement par ce qu’on apprend intellectuellement, mais aussi par l’expérience humaine, les proches qui alimentent émotionnellement pour avoir chaque jour un plus grand contrôle sur soi, et spirituellement pour modeler un plus grand caractère de service d’autrui, où l’ego se réduit à su plus minime expression et où on grandit en humilité et force morale. L’un va avec l’autre. C’est cela vivre, grandir pour servir (…). A mon Sébastien [fils du premier mariage de Fabrice Delloye], mon petit prince des voyages astraux et ancestraux. J’ai tant à te dire ! Premièrement, que je ne veux pas partir de ce monde sans qu’il n’ait la connaissance, la certitude et la confirmation que ce ne sont pas deux, mais trois enfants d’âme, que j’ai (…). Mais avec lui, je devrais dénouer des années de silence qui me pèsent trop depuis la prise d’otage. J’ai décidé que ma couleur favorite était le bleu de ses yeux (…). Si je venais à ne pas sortir d’ici, je te l’écris pour que tu le gardes dans ton âme, mon Babon adoré, et pour que tu comprennes, ce que j’ai compris quand ton frère et ta sœur sont nés : je t’ai toujours aimé comme le fils que tu es et que Dieu m’a donné. Le reste ne sont que des formalités.(…) Je sais que Fab a beaucoup souffert à cause de moi. Mais que sa souffrance soit soulagée en sachant qu’il a été la source de paix pour moi. (…) Dis à Fab que sur lui, je m’appuis, sur ses épaules, je pleure, qu’il est mon soutien pour continuer à sourire de tristesse, que son amour me rend forte. Parce qu’il fait face aux nécessités de mes enfants, je peux cesser de respirer sans que la vie ne me fasse tant mal. (…) A mon Astrica, tant de choses que je ne sais par où commencer. Tout d’abord, lui dire que « sa feuille de vie » m’a sauvé pendant la première année de prise d’otage, pendant l’année de deuil de mon papa (…). J’ai besoin de parler avec elle de tous ces moments, de la prendre dans mes bras et de pleurer jusqu’à ce que se tarisse le puits de larmes que j’ai dans mon cœur. Dans tout ce que je fais dans la journée, elle est en référence. Je pense toujours, « ça, je le faisais avec Astrid quand nous étions enfants » ou « ça, Astrid le faisait mieux que moi ». (…) Je l’ai entendu plusieurs fois à la radio. Je ressens beaucoup d’admiration pour son expression impeccable, pour la qualité de sa réflexion, pour la domination de ses émotions, pour l’élégance de ses sentiments. Je l’entends et je pense « Je veux être comme ça » (…). Je m’imagine comment vont Anastasia et Stanis. Combien cela m’a fait mal qu’ils me prennent leurs dessins. Le poème d’Anastasia disait « par un tour du sort, par un tour de magie ou par un tour de Dieu, en trois années ou trois jours, tu seras de retour parmi nous ». Le dessin de Stanis était un sauvetage en hélicoptère, moi endormie et lui en sauveur. Mamita, il y a tant de personnes que je veux remercier de se souvenir de nous, de ne pas nous avoir abandonné.Pendant longtemps, nous avons été comme les lépreux qui enlaidissaient le bal. Nous, les séquestrés, ne sommes pas une thème « politiquement correct », cela sonne mieux de dire qu’il faut être fort face à la guérilla même s’il faut sacrifier des vies humaines. Face à cela, le silence. Seul le temps peut ouvrir les consciences et élever les esprits. Je pense à la grandeur des Etats-Unis, par exemple. Cette grandeur n’est pas le fruit de la richesse en terres, matières premières, etc, mais plutôt le fruit de la grandeur d’âme des leaders qui ont modelé la Nation. Quand Lincoln a défendu le droit à la vie et à la liberté des esclaves noirs en Amérique, il a aussi affronté beaucoup de Floridas et Praderas [municipalités demandées par les FARC pour la zone démilitarisée]. Beaucoup d’intérêts économiques et politiques qui considéraient être supérieurs à la vie et à la liberté d’une poignée de noirs. Mais Lincoln a gagné et il reste imprimé sur le collectif de cette nation, la priorité de la vie de l’être humain sur quelque autre type d’intérêt. En Colombie, nous devons encore penser à notre origine, à qui nous sommes et où nous voulons aller. Moi, j’aspire à ce qu’un jour, nous ayons la soif de grandeur qui fait surgir les peuples du néant pour atteindre le soleil. Quand nous ne serons inconditionnels face à la défense de la vie et de la liberté des nôtres, c’est-à-dire, quand nous serons moins individualistes et plus solidaires, moins indifférents et plus engagés, moins intolérants et plus compatissants. Alors, ce jour-là, nous serons la grande nation que nous voulons tous être. Cette grandeur est là endormie dans les cœurs. Mais les cœurs se sont endurcis et pèsent tant qu’ils ne nous permettent pas des sentiments élevés. Mais il y a beaucoup de personnes que je voudrais remercier car ils ont contribué à réveiller les esprits et à faire grandir la Colombie. Je ne peux pas tous les mentionner [elle cite alors l’ex président Lopez et « en général, tous les ex présidents libéraux », Hernan Echevarria, les familles des députés du Valle, Monseigneur Castro et le Père Echeverri].Mamita, hélas, ils viennent demander les lettres. Je ne vais pas pouvoir écrire tout ce que je veux. A Piedad et à Chavez, toute, toute mon affection et mon admiration. Nos vies sont là, dans leur cœur, que je sais grand et valeureux. [elle dédie alors un paragraphe de remerciements à Chavez, Alvaro Leyva, Lucho Garzon [ancien maire de Bogota] et Gustavo Petro, puis mentionne des journalistes]. Mon cœur appartient aussi à la France (…). Quand la nuit était la plus obscure, la France a été le phare. Quand il était mal vu de demander notre liberté, la France ne s’est pas tue. Quand ils ont accusé nos familles de faire du mal à la Colombie, la France les a soutenu et consolé. Je ne pourrais pas croire qu’il est possible de se libérer un jour d’ici, si je ne connaissais pas l’histoire de la France et de son peuple. J’ai demandé à Dieu qu’il me recouvre de la même force que celle avec laquelle la France a su supporter l’adversité, pour me sentir plus digne d’être comptée parmi ses enfants. J’aime la France de toute mon âme, les voix de mon être cherchent à se nourrir des composants de son caractère national, elle qui cherche toujours à se guider par principes et non par intérêts. J’aime la France avec mon cœur, car j’admire la capacité de mobilisation d’un peuple qui, comme disait Camus, sait que vivre, c’est s’engager. (…) Toutes ces années ont été terribles mais je ne crois pas que je pourrais être encore vivante sans l’engagement qu’ils nous ont apporté à nous tous qui ici, vivons comme des morts. (...) Je sais que ce que nous vivons est plein d’inconnues, mais l’histoire a ses temps propres de maturation et le président Sarkozy est sur le Méridien de l’Histoire. Avec le président Chavez, le président Bush et la solidarité de tout le continent, nous pourrions assister à un miracle. Durant plusieurs années, j’ai pensé que tant que j’étais vivante, tant que je continuerai à respirer, je dois continuer à héberger l’espoir. Je n’ai plus les mêmes forces, cela m’est très difficile de continuer à croire, mais je voudrais qu’ils ressentent que ce qu’ils ont faire pour nous, fait la différence. Nous nous sommes sentis des êtres humains (...). Mamita, j’aurais plus de choses à dire. T’expliquer que cela fait longtemps que je n’ai pas de nouvelles de Clara et de son bébé (…).Bon, Mamita, que Dieu nous vienne en aide, nous guide, nous donne la patience et nous recouvre. Pour toujours et à jamais