vendredi 11 janvier 2008

NACEUR KHMIR

Un personnage mystérieux, habillé en impérméable gris vert, une casquette ronde, assimilable à un béret, les cheveux grisonnants, la moustache plus jeune, très discret...

Hier soir j'étais gênée, attristée, de voir la salle aussi peu garnie, devant la projection d'un documentaire sur Naceur Khemir, fait par Fathi Doghri.
Il était là, dans la salle, parmi nous. Il est venu répondre à nos éventuelles questions sur le documentaire, en l'absence de Fathi Doghri.
Il nous a parlé de ses nombreux projets artistiques en cours: peinture, écriture, sculpture, cinéma, documentaire...
Waw!
Comment se fait-il que nous ayons des artistes de talent, comme Naceur Khemir, mais dont nous ignorons tout ou presque?
Comment se fait-il qu'un artiste aussi complet que lui ne soit pas encouragé ni mis en valeur par notre pays?

Pourtant...
"Du conte au cinéma, de la peinture à la sculpture, de la calligraphie à l’écriture, Nacer Khemir a projeté un pont entre les deux rives, entre le nord et le sud, l’Orient et l’Occident. Très tôt bercé par l’univers du conte, il obtient une bourse de l’UNESCO pour étudier le cinéma à Paris. En 1972, il part à la recherche des conteurs dans la médina de Tunis, et ce travail de collectage de contes inspirera quatre films autour du conte et des conteurs.
En 1975, L’Histoire du Pays du Bon Dieu, film qui raconte la quête d’un homme à la recherche d’une frontière, ponctuée par la rencontre avec des conteurs, tels des pierres blanches qui lui montrent le chemin.
En 1977 L’Ogresse, film réalisé pour la télévision suisse romande. En 1978 le film Sommaa.
En 1981 A la recherche des Mille et Une nuits, film pour FR3.
C’est en 1975 avec la publication du livre L’Ogresse chez François Maspero qu’il commence à raconter en France et participe au renouveau du conte, notamment en initiant des ateliers de formation de conteurs, de l’Abbaye de Royaumont à Grenoble, de l’Abbaye de Sénanque à La Chartreuse de Villeneuve lès Avignon…
Parallèlement il fera plusieurs expositions autour du conte : à Beaubourg-Centre Pompidou, au Salon du livre de jeunesse de Montreuil…
En 1982 et 1988, invité par Antoine Vitez, il raconte durant un mois Les Mille et Une nuits au Théâtre National de Chaillot, chaque soir une nouvelle histoire, 25 heures de récit dans une scénographie de Yannis Kokkos. Et au long de ces dernières années il conte Les Mille et une nuits aux quatre coins du monde."

Et nous sommes les derniers à le savoir!!

Pas un seul conte de Naceur Khemir ne figure dans les manuels d'école des petits tunisiens.
Qu'attendons-nous? Qu'il parte, pour lui rendre un hommage post -mortem?
Pourquoi?
Ca coute moins cher peut être...
A qui donne-t-on des aides pour le cinéma aujourd'hui? A des "Ali Laabidi" pour commettre des films comme "LAMBARA"?
Mon Dieu, quel gâchi!!

Ce soir, j'y retourne, à El Hamra, ils projettent son film "Les baliseurs du désert" à 19h. Il sera sûrement là. Et ce sera sûrement aussi bien que "Baba Aziz".

C'est maintenant qu'il faut leur rendre hommage, c'est maintenant qu'il faut leur manifester notre encouragement, notre intérêt pour leurs oeuvres, notre fierté de l'avoir comme compatriote.

Maintenant.